UNE journée de printemps commence. Si chaude, si entêtante que l'on se croirait au cour de l'été. Au carrefour Sèvres-Babylone, un rideau de tulle... > Lire la suite
UNE journée de printemps commence. Si chaude, si entêtante que l'on se croirait au cour de l'été. Au carrefour Sèvres-Babylone, un rideau de tulle frissonne à une fenêtre de l'hôtel Lutétia et derrière cette fenêtre un fauve se tient aux aguets. Ses yeux fixent l'entrée d'un immeuble en face. Une chambre de bonne, une porte enfoncée, un homme qui dévale l'escalier, les mains crispées sur le ventre et une tache de sang sur chaque marche marque son passage... A l'extérieur, un autre homme a bondi par la fenêtre. Son corps a accroché la tente d'une devanture avant de s'écraser sur le trottoir parmi les passants. On entend un bruit de bottes et une voix forte qui s'écrie : " Achtung ! Achtung ! "...
Ce matin d'avril parisien n'est pas un matin comme les autres : c'est un matin d'il y a douze ans, un matin de l'occupation. Une journée lourde d'émotions, de souffrances, d'événements et d'espoirs. Maurice TOESCA, dans PARIS, UN JOUR D'AVRIL, évoque vingt-quatre heures de la vie de Paris deux mois avant le débarquement. A mille signes que le romancier sait nous rappeler, les Parisiens sentent que la délivrance est proche. Jamais les résistants n'ont été aussi hardis, les policiers allemands aussi cruels, les sentinelles aussi hargneuses, le passant anonyme aussi désinvolte ni aussi secourable, le traître aussi inquiet.
Nous allons et venons d'un commissariat au parloir d'un couvent, d'un appartement modeste à l'hôtel réquisitionné par les SS, dans ce Paris bardé de barbelés et de chicanes, le long des jardins publics plantés de carrés de choux, passant devant les files d'attente où des femmes s'évanouissent, entendant la rumeur des orgues qui montent de Notre-Dame en prière.
PARIS, UN JOUR D'AVRIL : un roman d'action, un roman remuant d'agents secrets, mais aussi le reflet de l'émoi de toutes les petites destinées privées fondues dans celle de la capitale. Avec " Paris, un jour d'avril ", Maurice TOESCA a écrit l'un de ses meilleurs livres.
Pierre MAZARS
(Le Figaro)