« À bientôt quatre-vingts ans, je découvre que dès l'âge de trois ou quatre ans, je me formais, sans le savoir, à devenir ce comparatiste qu'officiellement... > Lire la suite
« À bientôt quatre-vingts ans, je découvre que dès l'âge de trois ou quatre ans, je me formais, sans le savoir, à devenir ce comparatiste qu'officiellement je ne serai qu'en 1956 : j'avais alors accompagné René Caillié à Tombouctou, les explorateurs aux deux pôles, ne retenant guère de mes lectures que les phrases d'arabe ou de russe. C'est pourquoi je refusai de me présenter à une agrégation qui s'intitulait orgueilleusement de "philosophie", bien qu'elle ignorât cette philosophie chinoise que m'avait révélée Marcel Granet, l'arabe aussi, et toutes les autres. Alors que le comparatisme à la française, qu'enseignent le plus souvent des agrégés de langue vivante, se borne à exploiter un comparatisme bilingue, mes voyages, mes errances, ma curiosité disons pathologique, et la connaissance passive d'une quinzaine de langues m'ont permis de déceler, sous les diversités de mainte et mainte culture, de nombreux invariants, qui me prouvaient, contre tous les racismes, l'unité de notre fragile espèce. » Étiemble