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Cette histoire commence dans une région reculée de la planète, en Afghanistan, où toute activité humaine relève de l'exploit. On y trouve des fragments de roche d'un bleu éclatant, issus d'une anomalie géologique. Depuis le VIIe millénaire, cette roche bleue (le lapis-lazuli) chargée de vertus, est convoyée vers les riches plaines de Mésopotamie. Rois et puissants de ces mondes se la disputent.
Et puis vient le jour où l'on arrive à en extraire une poudre d'un bleu extraordinaire. Un bleu des Mille et Une Nuits. Éclatant, inaltérable. L'azur véritable. Voyageant avec les caravanes, le voilà en Occident, où il est l'outremer, le pigment bleu par excellence. Mais à quel prix ! De fait, c'est une denrée fort rare, qui se vend au moins son poids d'or.
Divers artifices sont utilisés par les peintres pour tourner cette difficulté jusqu'à ce jour de 1826 où, Jean-Baptiste Guimet, les progrès de la chimie aidant, réussit la synthèse de l'outremer. En quelques années, il le produit à des coûts de plus en plus faibles qui lui permettent de remplacer les bleus jusque là utilisés pour azurer les papiers, les textiles et le linge. S'ouvre alors pour cet outremer le marché gigantesque de l'azurage, marché qui suscite bien des convoitises. Surtout en Allemagne, où de redoutables concurrents développent bientôt une puissante industrie de synthèse des outremers. À l'orée du XXe siècle, les trois-quarts du linge européen doivent leur blancheur à l'outremer allemand. Le dernier quart, à l'outremer français.
2017. Ces marchés ont disparu, remplacés par d'autres. L'industrie de l'outremer perdure, en particulier en France, et se porte plutôt bien...