À la banque, à l'école, au travail, au chômage..., partout, nous sommes tenus de présenter des projets, qu'ils soient immobiliers, pédagogiques, professionnels, ou plus personnels... Pourtant, paradoxalement, rares sont ceux qui songent encore à construire un projet de société, ou à élaborer un projet de vie. Trop d'échecs, politiques ou affectifs, ont, semble-t-il, sanctionné ces tentatives. Comment faire ? Se contenter de micro-projet, vivre dans l'instant, en faisant son deuil des espérances et des utopies ? Posée à chacun, la question concerne en fait toute la société.
Dans une passionnante présentation de la pensée actuelle, Christian Alexandre analyse, en philosophe, les difficultés auxquelles nous nous heurtons pour nous projeter dans le temps : précarisation, mobilité, flexibilité accrues, fatalisme devant le chômage, désarroi devant l'ampleur des mutations, échec des perspectives politiques. Tout au long de sa réflexion, ancrée dans le quotidien, l'auteur soumet à la critique des philosophes comme André Comte-Sponville, Luc Ferry, Hans Jonas, Ernst Bloch, Emmanuel Levinas...
Les uns défendent la nécessité d'une espérance, d'autres soutiennent qu'elle est une illusion néfaste. Au terme de ce parcours au style alerte, au ton original, Christian Alexandre propose un chemin, non une recette : pour lui, si tout n'est pas possible, le réalisme et l'utopie peuvent faire cependant bon ménage, à condition... d'oser des projets.