Nul ne se souvient du nom que lui donnaient les Indiens. Peut-être l'appelaient-ils simplement onon:ta' : la montagne. Ceci n'est pas un ouvrage de plus... > Lire la suite
Nul ne se souvient du nom que lui donnaient les Indiens. Peut-être l'appelaient-ils simplement onon:ta' : la montagne. Ceci n'est pas un ouvrage de plus sur le mont Royal : on n'écrit jamais sur autre chose que du papier. Je n'écris pas sur mais pour la Montagne, devant elle, en sa présence, à partir des traces que la forêt de temps de son paysage conserve du passage des Ochehagas. J'ai pris le parti de nommer et de parcourir ce paysage tel qu'il était avant l'assaut de l'asphalte, et tel qu'il sera « tant que l'herbe poussera » encore lorsque l'effritement de cette prétention de pierre qu'est le béton perpétuera avec peine un vague et vain souvenir des derniers humains. Dans les iora'wihstote de ce kahiatonhsera' (les pelures, c'est-à-dire les pages, de ce livre), je propose moins une histoire qu'une géopoétique du mont Royal. J'y localise avec une nouvelle exactitude les emplacements d'événements dont l'histoire n'a conservé que les dates, de façon à réinscrire dans le présent les souvenirs qui ne cessent d'habiter ces lieux de mémoire parfois disparus, le plus souvent irrémédiablement altérés - à mettre en ouvre l'actualisation d'un devenir-paysage : celui de l'onon:ta' des Ochehagas.