Naissance et genèse d'un parrain de la mafia sicilienneGiovanni Sanfilippo vit dans la banlieue industrielle de Liège où son père travaille comme... > Lire la suite
Naissance et genèse d'un parrain de la mafia sicilienneGiovanni Sanfilippo vit dans la banlieue industrielle de Liège où son père travaille comme ouvrier mineur. La nostalgie de Palerme et de la Sicile ne cesse de l'habiter, mais il quitte Liège pour Paris où il fréquente les hussards dès les années 60. Il s'installe dans le quartier des Halles qui lui rappelle par son animation et ses bruits le vieux Palerme. Il s'occupe activement de son frère Lorenzo qui s'est fait moine à Clervaux avant de quitter le monastère suite à la réforme liturgique. Il finit par épouser la fille d'un chef en fuite de Cosa nostra et rejoint Palerme en 1971. Giovanni y devient avocat avant de s'abîmer dans «?l'ombre des choses qui révèle davantage leur nature que les choses elles-mêmes?», profession de foi littéraire et philosophique qui accompagne l'entrée progressive de Julien dans Cosa nostra dont il deviendra un des parrains. La prose à la fois sèche et lyrique, ironique et élégante de René Swennen anime ce tourbillon événements et de passions dans un style stendhalien qui n'est pas sans rappeler Le Guépard. Un thriller trépidant, qui vous plongera dans les secrets de la Cosa nostraA PROPOS DE L'AUTEUR Avocat, René Swennen est également romancier et dramaturge. Il s'intéresse de près à l'histoire dans ses romans. EXTRAIT Giovanni Sanfilippo était arrivé à Liège en août 1948 à l'âge de six ans. Son père était plongeur dans un restaurant à Palerme et avait résolu, comme tant d'autres Siciliens à cette époque, de s'expatrier pour vivre. Il avait choisi la Belgique et plus précisément Liège où un cousin l'avait précédé dans un charbonnage. Deux mois auparavant, Giovanni avait fait une excursion avec sa classe sur le flanc nord de l'Etna. Il en avait retenu une impression de noir intense, il aurait mieux valu dire : de noir absolu, qui l'avait pourchassé dans ses rêves pendant plusieurs jours. Ce fut cette même impression désespérante qu'il éprouva à Jemeppe-sur-Meuse dans la banlieue industrielle de Liège où se trouvait le charbonnage dans lequel son père fut engagé comme mineur de fond. Ses parents, son frère Lorenzo et lui habitaient dans une petite maison ouvrière à cent mètres du charbonnage derrière une "paire", c'est-à-dire un terrain vague sur lequel on déversait la houille. Où il qu'il portât ses regards, de la belle-fleur du charbonnage au terril voisin, en passant par la "paire" et le petit chemin de fer qu'empruntaient les wagonnets remplis de charbon, tout était noir. Leur minuscule appartement de Palerme, où l'on étouffait en été, n'était certes pas confortable, mais il lui apparaissait maintenant comme une émanation du paradis par rapport à cet antre de noirceur et de tristesse. À Palerme du moins, la vie bourdonnait autour de lui. Il était réveillé à cinq heures du matin par les cris du marché. Dès six heures, il était dans la rue. Il lui semblait que toute la beauté du monde et que toute la joie de vivre se déversaient dans ces fruits, ces épices, ces pâtes, ces pains, ces poissons. Il connaissait tout le monde et rentrait chargé de petits cadeaux alimentaires. il pensait ne pas pouvoir vivre ailleurs qu'à Palerme. En quittant son appartement pour la Belgique, il en avait embrassé les murs. Sa mère pleurait à chaudes larmes, mais il fallait bien prévoir l'avenir et bénéficier d'une retraite.