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Au cours de mes nombreux déplacements à travers la France, j'étais sans cesse désarçonné par le changement des paysages. Ce n'était plus le pays que j'avais connu. Ce n'était pas non plus le pays tel qu'il s'imaginait, tel qu'il se montrait à lui-même et aux autres. Je me suis rendu compte que je préférais les Français tels qu'ils étaient, changeants, incertains, vivants, aux images d'Epinal immuables et ridicules qui occupent l'espace public. La France au quotidien, ce n'est ni une pagnolade ni une caricature hip-hop sur fond de souffrance urbaine. On peut l'aimer telle qu'elle est, et pas seulement comme on croit qu'elle a été ou comme on voudrait qu'elle soit. Je n'ai guère la nostalgie d'une France de l'enfance, car la France, je l'ai rêvée avant de la connaître, depuis l'autre rive de la Méditerranée où je suis né, depuis l'autre rive de l'Atlantique où j'ai grandi. Recommencer, encore recommencer, voilà le mot d'ordre de toujours des amoureux de notre pays. Rien ne serait pire que de le figer dans le marbre. Faisons-nous encore peuple, faisons-nous encore société ? Quelle étrange et fière nation, de si haute ambition et de si peu de citoyens.