Biographie de Victor Hugo
À deux reprises, l'enfance de Victor Hugo (1802-1885) est traversée de scènes qui peupleront l'imagination du poète, du dramaturge et de l'homme politique: à 5 ans, il traverse l'Italie avec sa mère pour retrouver son père, le colonel Hugo, en poste à Naples; il n'oubliera jamais les suppliciés, pendus aux arbres, les membres humains rouges de sang. À 9 ans, l'enfant rencontre à nouveau, dans l'Espagne en révolte contre l'armée impériale, la cruauté et la mort.
Il a 10 ans lorsque son parrain, le général Lahorie, est exécuté pour sa participation à une tentative de coup d'État.
La même année que Les Orientales (1829) paraît Le Dernier Jour d'un condamné qui dit l'horreur de la peine de mort: le poète et le moraliste subsisteront en Hugo jusqu'à la fin de sa vie. Cette tendresse pour les pauvres et les opprimés se manifestera dans Les Misérables (1862) qui dénonceront la fatalité sociale qui pèse sur les épaules de l'humanité.
Alors que paraît Notre-Dame de Paris, en 1831, Claude Gueux tue le gardien-chef de la prison de Clairvaux, M.
Delacelle. Son procès commence en mars 1832, à troyes. Il est condamné à mort et décapité le 1er juin 1832. La nouvelle de Victor Hugo (C&C n°2) paraîtra en juillet 1834. À plusieurs reprises, Hugo s'opposera à la peine de mort, aussi bien sur le plan législatif, quand il sera député, que pour défendre tel ou tel condamné: Tapner en 1854 à Guernesey ou John Brown en 1859, héros de la lutte contre l'esclavage aux États-Unis.
La révolution de 1830 va engager l'évolution politique de Victor Hugo.
Monarchiste par fidélité à sa mère, il accepte la monarchie constitutionnelle issue de ladite révolution et bénéficie des faveurs du régime: il est reçu à l'Académie française en 1841, nommé pair de France en 1845.
La révolution de 1848 voit Hugo toujours incertain: le pair de France est républicain en principe, mais soutient la régence de la duchesse d'Orléans pour se rallier enfin au prince Louis-Napoléon qui porte un si grand nom...
Peu à peu, son opposition devient irréductible et il se range résolument aux côtés des ouvriers qui subissent la répression sanglante de l'armée.
Au lendemain du coup d'État, le 2 décembre 1851, qui fait de Louis-Napoléon Bonaparte l'empereur des Français, il doit prendre le chemin de l'exil.
Les Châtiments (1853-1870) disent la colère du proscrit, le mépris pour "le petit homme" qui a pris le pouvoir dans le sang et la haine.
Quand, en 1859, l'Empire offre l'amnistie aux exilés, Hugo la refuse avec hauteur. De retour en France en 1870 et siégeant à l'Assemblée, il est un homme seul qui affirme: "Je suis de ceux qui pensent qu'on peut détruire la misère". Il a de grands projets qu'il n'aura pas le temps de faire aboutir: "Abolition de la peine de mort - Abolition des peines infamantes et afflictives - Réforme de la magistrature - Actes préparatoires des États-Unis d'Europe - Instruction gratuite et obligatoire - Droits de la femme".