C'est dans un asile d'aliénés qu'il m'aurait fallu aller voir, hurlant sous la douche, étirant ses longs bras, écarquillant ses énormes yeux ronds,... > Lire la suite
C'est dans un asile d'aliénés qu'il m'aurait fallu aller voir, hurlant sous la douche, étirant ses longs bras, écarquillant ses énormes yeux ronds, l'étonnant Frédéric Nietzsche, philosophe, poète et compositeur de musique, auteur, entre autres ouvrages, de Par delà le Bien et le Mal, et d'un livre dédié à « tous et à personne », Ainsi a parlé Zarathustra.
Que l'on imagine un homme outillé comme Nietzsche ; et qu'on se l'imagine formant, à trente-cinq ans, le même projet qu'avait jadis formé Descartes, le projet de passer en revue l'ensemble complet des idées, des émotions et des actions humaines. Tel a été le but de Nietzsche. Il a voulu rassasier sa faim de certitude ; et pour assurer à son système futur une base solide, il a examiné tour à tour chacun des objets qui peuvent occuper l'esprit humain.
Il a tout examiné : il a exploré tous les systèmes de métaphysique, tous les systèmes de morale, toutes les théories politiques, toutes les sciences, toutes les religions. Il a analysé l'amour, l'amitié, les sentiments esthétiques. Il a traversé tous les domaines de la pensée : il allait de l'un à l'autre, le bâton à la main et la besace sur le dos, sans autre désir que de découvrir une vérité certaine. Lui-même s'est comparé au cynique qui courait en plein jour avec une lanterne, cherchant un homme. « Mon malheur, disait-il, est que je ne puis même pas trouver une lanterne. »