Dédié d'emblée aux « éprouvés du monde », ce recueil de poèmes fait en même temps d'eux les points brillants vers lesquels le regard et le... > Lire la suite
Dédié d'emblée aux « éprouvés du monde », ce recueil de poèmes fait en même temps d'eux les points brillants vers lesquels le regard et le dire se dirigent énergiquement. Tout part de Bouaké, la « ville-refuge ». Les images, les apparences et les mots s'édifient ou se déclinent parce que la poésie sourd là où le poète esquisse d'abord une approche des couleurs et des sons qui entourent les hommes et les femmes de sa « ville-nourrice ». Au moment où, dans l'intermittence qui lui a permis de s'affirmer, la parole commence à devenir exploratrice, elle prend ses distances par rapport au cours familier du lieu natal. Plus rien n'est voilé. Des hommes aux ventres vides surgissent dans la rue et dans les poèmes. Ces hommes qui « sont des milliers » vivent dans une douleur et une exaltation fulgurantes. Tentant de mettre un terme à mille désastres, ces mêmes hommes préparent la renaissance d'un futur qui semblait exsangue. Quelque part en Afrique, quelques-uns de ces hommes s'appellent Steve Biko ou Benjamin Moloïse. Ailleurs, toujours en Afrique, ils portent ces mêmes noms - ou d'autres encore. C'est aussi en faisant de ces noms de véritables repères que le rythme de ces poèmes se fragmente puis se propulse en avant : l'exigence d'écrire et de décrire excède ainsi tout ce qui annihile l'homme.