"Naître des profondeurs" : quelle que soit l'image évoquée, elle nous ramène infailliblement aux profondeurs de soi-même. C'est là, en effet, que... > Lire la suite
"Naître des profondeurs" : quelle que soit l'image évoquée, elle nous ramène infailliblement aux profondeurs de soi-même. C'est là, en effet, que s'opère la métamorphose de renaître. L'eau, à la fois informelle et multiforme, élément féminin, est le signe d'approche de cette rencontre secrète. L'eau, la mer, son essence matricielle, tout ce brassage de la conscience, d'écume et d'algues. Unissant son magnétisme à celui du cour marin, Madeleine Mouget nous invite à cette naissance des profondeurs, aux mouvements des marées (hautes et basses) qui sont nos propres marées, avec leurs brisants, leurs déchirures, tandis que les "Bluettes" (deuxième cycle du recueil) disent des moments pris sur le vif : la lessive, le parfum des citrons verts, la neige, la fumée rêveuse, ces choses de la vie auxquelles, trop souvent, nous ne prêtons plus attention. Le troisième cycle est consacré à la Bretagne, elle aussi, née de quelles profondeurs ? Inépuisable découverte, légende au regard de ce qui doit être lu. Ces poèmes chantent une terre étroitement unie à l'eau. La fée de Brocéliande n'a point de peine à se muer en femme algue. Les forêts marines fraternisent avec les sous-bois, où jaillit le sang de l'églantine. Cette fée, ne serait-elle pas Madeleine Mouget elle-même qui, dans les embruns de cette eau ivre de soleil, donne aux mots un doigté de lune.