L'écriture de l'essai, telle que Montaigne la pratique, et parfois la rêve, ouvre la modernité. D'abord en ce que les composantes du moi jusqu'alors... > Lire la suite
L'écriture de l'essai, telle que Montaigne la pratique, et parfois la rêve, ouvre la modernité. D'abord en ce que les composantes du moi jusqu'alors exclues du champ de la représentation : folies et rêveries, chimères et monstres fantasques, proliférant comme les herbes sauvages et inutiles sur le sol de l'oisiveté mélancolique, entrent alors sur le devant de la scène. Mais aussi dans la mesure où une intense activité auto-réflexive tente de cerner le rapport indécis d'une matière encore inédite et d'une manière qui la mette en rolle sans la contreroller. Écriture du moi et problématique du sujet sont, pour la première fois, intimement liées dans ce projet extravagant, car l'essai est aussi l'atelier où s'élabore l'identité du scripteur, tandis que l'essayiste, interrogeant le monstre qu'il découvre en lui, inscrit la différence au cour du même.