Des yeux jaunes étonnants, elle est si belle, Éliane Attimont ! Et supérieurement intelligente, serviable, douce, compatissante. Parfaite meurtrière... > Lire la suite
Des yeux jaunes étonnants, elle est si belle, Éliane Attimont ! Et supérieurement intelligente, serviable, douce, compatissante. Parfaite meurtrière aussi. Sans plaisir ni sadisme. Par nécessité. Mue par la logique implacable d'une passion première, celle qu'elle éprouve pour son père, le bel Albert. Une Électre des Temps modernes ? Pas exactement, le mythe originel est distordu et métamorphosé. C'est Éliane qui envoie son Agamemnon de père à la guerre de 1939-1945, avant de chercher obstinément à l'en faire revenir. Et lorsque son beau rêve s'effrite, Éliane s'arrange, dans sa toute-puissance enfantine, pour que ses amours platoniques ne sortent pas de la famille. Une haute figure de jeune fille indomptable, même lorsqu'elle est victime de Clémence-Clytemnestre et d'Edmond-Égisthe. Si un précédent roman de Daniel Zimmermann, Le Gogol, implantait Odipe à Savigny-sur-Orge, cette fois les Atrides ont élu domicile dans le Sarcelles d'avant le béton. Violences et crimes de sang, héroïsme discret et marché noir, personnages de commerçants forains désignés par leurs marchandises, M. Bonbon ou Mme Godasse. Zimmermann poursuit son cycle de légendes des banlieues et mène son récit d'une écriture serrée, avec la même allégresse lucide qui conduit son héroïne à la grandeur tragique.