La théorie économique bourgeoise ne désigne généralement par mobilité du travail, que les déplacements des hommes à travers l'espace économique,... > Lire la suite
La théorie économique bourgeoise ne désigne généralement par mobilité du travail, que les déplacements des hommes à travers l'espace économique, réduisant toujours la notion au rôle d'objet second de l'analyse économique. Or, à lire les stratégies du pouvoir capitaliste et les textes qui les appuient, comme à interpréter les luttes ouvrières, une autre conception se dégage, qui fait de la mobilité du travail une pièce maîtresse de toute stratégie de développement capitaliste. À travers les phénomènes qu'elle désigne, se manifeste toujours la manière dont les hommes soumettent leur comportement aux exigences de l'accumulation du capital, se manifeste aussi cet élément essentiel - mais non dit - de la croissance capitaliste, la docilité des corps des travailleurs dans l'espace et dans le temps. Aujourd'hui, des luttes populaires de plus en plus nombreuses refusent, et combattent cette stratégie capitaliste de mobilité forcée. Ce livre restitue les principaux traits d'un tel conflit et en analyse les aspects théoriques : à travers la manière dont la théorie néo-classique fournit le concept adéquat à la politique capitaliste de mobilité ; à travers la manière, jusqu'ici jamais étudiée, dont la théorie marxiste permet de comprendre le rôle essentiel joué par la mobilité du travail dans le procès d'accumulation capitaliste, à travers la manière dont elle permet aussi de poser les fondements d'une autre stratégie, nommée ici stratégie de l'immobilité, conforme aux aspirations qui se dégagent des luttes populaires contemporaines. Aux deux concepts, néo-classique et marxiste, de mobilité du travail, répondent ainsi deux conceptions du développement. Deux mondes qui s'affrontent, deux pouvoirs.