« Les enfances, comme les grammaires, s'ouvrent sur le présent, et mon présent à moi n'est pas beau à voir. La maison, c'est sauve qui peut, Maman... > Lire la suite
« Les enfances, comme les grammaires, s'ouvrent sur le présent, et mon présent à moi n'est pas beau à voir. La maison, c'est sauve qui peut, Maman hurle, Papa n'est pas là, j'ai l'aspirateur à passer et la vaisselle à faire. Les coups de ma mère partent, automatiques, mais comme elle dort le matin, c'est souvent pour midi, rarement plus tard que quatre heures. Ce présent arbitraire que vous préférez taire, accidenté, accidentel, j'ouvre ici à le rendre présentable. J'y découvre des mariages, des Noëls, des déjeuners dans la maison des Landes, une représentation de la Norma même, où je suis un mois durant soldat romain au Théâtre des Arts. Présent indigent et arbitraire, il me faut tout le travail de l'écriture pour m'y faire. Rien de grand, rien de noble, mais un présent tout de même. »