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Lafayette, venu en tête de la révolution française, est mort en même temps qu'elle a fini, et sa vie tout entière la mesure. Il a cela de particulier et de singulièrement honorable d'y avoir cru toujours, avant et pendant, et même aux plus désespérés moments ; d'y avoir cru avec calme et avec une fermeté sans fougue. Que des hommes de la Montagne, les héros plus ou moins sanglants de cette formidable époque, soient demeurés fixes jusqu'au bout dans leur conviction et soient morts la plupart immuables, on le conçoit ; la foudre, on peut le dire sans métaphore, les avait frappés ; une sorte de coup fatal les avait saisis et comme immobilisés dans l'attitude héroïque ou sauvage qu'avait prise leur âme en cette crise extrême ; ils n'en pouvaient sortir sans que leur caractère moral à l'instant tombât en ruine et en poussière. Il n'y avait désormais de repos, de point d'appui pour eux, que sur ce hardi rocher de leur Caucase. Mais il y a, ce semble, plus de liberté et plus de mérite à rester fixe dans des mesures plus modérées, ou, si c'est un simple effet du caractère, c'est un témoignage de force non moins rare et dont la proportion constante a sa beauté.
Parmi les contemporains de Lafayette, parmi ceux qui furent des premiers avec lui sur la brèche à l'assaut de l'ancien régime, combien peu continuèrent de croire à leur cause... Lafayette n'a cessé de croire et à l'excellence de certaines idées et à leur triomphe ; il n'a, en aucun moment, pris le deuil de ses principes ; il n'a jamais désespéré. Pendant que le gouvernement impérial s'affermissait, il... attendait la liberté publique.