On ne veut pas faire de peine à ses parents, et on se retrouve en prison. Pas la vraie. Non, une autre : celle des uniformes à mourir un peu, et des... > Lire la suite
On ne veut pas faire de peine à ses parents, et on se retrouve en prison. Pas la vraie. Non, une autre : celle des uniformes à mourir un peu, et des métiers à mourir beaucoup. Ainsi, Clotilde était devenue assistante sociale et se rendait tous les matins à 8 h 30 au bureau de Saint-Montant. Les choses ennuyeuses se passent toujours très tôt : les exécutions, les départs en classe, la mise en marche des usines. On ne devrait jamais se lever à ce moment-là ; il faudrait l'interdire ; on bloquerait les pendules, les réveils et le monde ouvrirait l'oil au crépuscule ; juste pour allumer les lampions et faire l'amour. Clotilde est prisonnière de son métier derrière la grille aux oiseaux morts ; prisonnière singulière aussi, de trois enfants étranges qui naîtront avec l'âge et l'aspect de leurs défunts ancêtres, harnachés dans leurs souvenirs, leurs tics, et leurs revendications.... Alors, tandis que la famille chuchote à son sujet, Clotilde se met à dessiner sur les murs des arbres, des faunes, des symphonies rouges et des larmes-rires avec des voiles et des rames. Puis, une forêt amazonienne où l'attend un Indien, Yawar-Silence... Est-elle devenue folle ? Parviendra-t-elle, par ce moyen, à échapper à la cohorte grise des employés de déférence, gardes-mites et vérificateurs des mesures ? Éclatement des mots. Éclatement des murs. Un mystère cependant subsiste : qui est Yawar-Silence ?