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Ce livre à deux voix incarne ces mouvements à travers un verbe souple, délié et limpide qui garde intactes toute la force, toute la vigueur émotive de la rencontre amoureuse. Il s'ouvre par un appel pressant en lequel résonnent les percussions dont le rythme même est celui de l'amour : « Les tambours de nos corps appellent à célébrer le jour. Viens. » La complicité des amants s'ouvre sur une naissance, sur un engendrement : ce sera le jaillissement d'une parole qui, à son tour, sera fécondante : « Que ma voix naisse ample et puissante du fond de mon ventre. » Prisonniers de la mesure à laquelle nous conduisent les humaines convenances, nous cherchons dans la trajectoire de l'amour une libération au sein même de sa démesure. En celle-ci les frontières et les limites s'estompent pour laisser place à une vacuité immédiate qui assouplit et amplifie nos virtualités. De cette démesure, née d'un réciproque désir, le texte sera porteur à travers ses mots comme à travers son rythme. Mais l'enjeu du lien est grave : il s'agit, pour ces deux témoins d'un même amour, d'une échappée, d'une surrection hors des « ombres de la nuit », d'une traversée vers l' « autre rive », le lieu hypothétique mais tant souhaité où tout malaise, toute distance sont abolis. Les deux poètes se rencontrent avant tout dans la parole, dans l'écrit, dans cette urgence réciproque du dire, de dire soi devant l'autre, comme l'autre devant soi. « En manque de toi m'envahit un malaise que seule peut réduire l'écriture. » Parole à laquelle Paul Dakeyo répond : « J'aurai pour l'instant l'ardeur de mes mots et de mes mots seuls. »
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