« On peut juger sur cette toile de fond de l'audace d'une démarche qui questionne le rapport de l'argent à l'inconscient, à travers l'exemple Marx.... > Lire la suite
« On peut juger sur cette toile de fond de l'audace d'une démarche qui questionne le rapport de l'argent à l'inconscient, à travers l'exemple Marx. Le propos de Michel Gardaz assume un double défi : d'une part, porter l'enquête au cour de ce Janus bifront qu'est l'argent, solidairement - mais pas tout à fait dialectiquement - économique et symbolique : l'argent a en effet deux faces, puisque l'homme s'y rapporte par son inconscient et y tient par son appartenance matérielle : d'autre part, exposer ce modèle explicatif à un exemple qui, fort bien choisi pour l'illustrer, s'avère aussi une redoutable épreuve. Il est légitime assurément de supposer un inconscient à Karl Marx, il est beaucoup plus délicat de l'aborder par ce biais. C'est que Marx, dépositeur d'une maîtrise, modèle de savoir et référent de pouvoir, ne saurait s'allonger sur un divan ni se soumettre à une discursivité extérieure sans risque. Risque, justement, de voir vaciller cette maîtrise en y réinscrivant le sujet qui la supporte. Cette double difficulté s'aiguise, mais aussi commence à se résoudre si l'on s'avise qu'elle converge. Aborder le rapport à l'argent du fondateur du matérialisme historique, c'est à la fois faire surgir le rapport d'un sujet au réseau fantasmatique et symbolique dans lequel l'argent est pris pour lui et questionner le rapport théorique du registre économique au registre symbolique. L'enquête nous acclimate progressivement à cette idée qu'il pourrait s'agir du même problème. Sujet et théorie s'expliquent coûte que coûte et vaille que vaille avec ce double effet de l'argent, signe économique et signifiant porteur d'un effet symbolique. » [...] Paul-Laurent Assoun (extrait de la préface)