Il y a une forme féminine, là-bas derrière le champ des mots, qui s'installe dans la lumière. C'est elle. Elle parle. Elle murmure en « Marine ».... > Lire la suite
Il y a une forme féminine, là-bas derrière le champ des mots, qui s'installe dans la lumière. C'est elle. Elle parle. Elle murmure en « Marine ». Je la connais bien et je sais qu'elle n'y connaît rien. Elle n'est là que par amour. Imaginez-la. Elle vient de la terre champenoise, des marais, de l'eau stagnante, de ceux qui n'acceptent l'image de l'eau vive qu'à l'intérieur de lourdes constructions de pierre où résident leurs croyances. Ludmilla est née dans ce monde-là, de ce monde-là. Enfant, elle n'avait pas d'horizon. Elle l'écrit dans son dernier recueil L'usage de la parole. Elle ne cherchait des trésors que dans la cave imaginaire. Cachée dans le regard du père, étouffée dans le silence de la mère, elle a dormi longtemps « du sommeil du monde ». Mais l'aube est venue et « au réveil, j'assiste au réveil ébahi de l'eau » Elle nous fait partager cette émotion si douce qui la porte vers l'Ailleurs. Martine Swertvaegher