Lucien chez les barbares

Lucien a vingt ans et pas encore de souvenirs. Il s'engage pour une guerre fraîche et joyeuse que la France mène de l'autre côté de la Méditerranée. Peut-être sommes-nous dans les années soixante, mais peu importe le lieu ou la date. Ces circonstances particulières ne servent ici que de cadre à une expérience plus générale, un voyage en enfer où, au contact des barbares, Lucien fera son éducation sentimentale.
Enrôlé dans une unité de choc, il sera entraîné dans la sinistre mécanique du jeu militaire. Marches et contre marches, embuscades et représailles, trahisons et tortures, un monde de sang et de larmes, de folie et de terreur, qu'il traversera sans comprendre. De même réagira-t-il confusément aux sentiments contradictoires dont il sera l'objet, l'amitié ambiguë du sergent Terneuse, l'amour tourmenté de Paule, mère d'un camarade tué en opération.
Bourreau et victime, à la fois, subjugué et rejeté par le monde absurde où il vit, Lucien deviendra un barbare malgré lui. Utilisant un langage volontairement retenu mais efficace, Claude Bonjean a réussi là, un étonnant portrait d'anti-héros, une sorte d'étranger camusien qui dénonce, par son silence et son délire meurtrier, l'horreur de la guerre. Un réquisitoire qu'on n'oublie pas.