Elle lui écrivit : la ligne cousue forme à elle seule un tracé dans le temps de l'oeuvre - la ligne peinte et continue forme à elle seule un tracé... > Lire la suite
Elle lui écrivit : la ligne cousue forme à elle seule un tracé dans le temps de l'oeuvre - la ligne peinte et continue forme à elle seule un tracé dans le temps de l'oeuvre - le trait haché se répète dans le temps de l'oeuvre - le trait blanc est moins utilisé que le trait noir dans le temps de l'oeuvre - la ligne dans l'espace se repère dans le temps de l'oeuvre - le dessin est une ligne du temps de l'oeuvre... Il lui répondit : ce qui fait temps dans la ligne, c'est peut-être l'alternance de ses pleins et de ses vides. Chaque dessin est une couture d'éclats et de césures, de cernes et de jours. Alors ils firent un livre qui noue images et mots, phrases et traces. Les mots n'y parlent pas vraiment des traces, les images n'ornent pas les phrases. Les textes ne prétendent pas expliquer les desseins des dessins, les dessins ne sont pas là pour rendre visibles les desseins des textes. Ni légende illustrée, ni ratiocination sur. Il n'y a là que des échos, et du sens qui circule par-dessus les blancs demeurés entre pièces dessinées et parcelles écrites. Le lecteur est invité à donner lui-même figures à ces intervalles, à les emplir de présences et d'absences. Il coud les bribes, reprise les morceaux, fait passer du fil pour lier les éclats à son gré. A la fin, c'est lui qui comprend, selon sa propre inclination, les desseins de ces dessins.
Elle : Sylvie Villaume, artiste plasticienne, peintre, dessinatrice, couzeuse, metteuse en espace et en temps. Lui : Daniel Payot, philosophe, passeur d'altérités en tous genres.