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Ces vingt-trois siècles de Lawrence Durrell, c'est l'itinéraire exemplaire d'un homme de l'Occident en passe de résoudre ses contradictions, ou parvenu peut-être à retrouver l'état d'innocence première, à déjouer les pièges de l'aristotélisme, et à réconcilier temps et espace en une cosmogonie lumineuse et sereine. Paul Hordequin vit dans le Gard, et connaît Durrell depuis bien des années. Comme tous ceux qui l'ont approché, il a été fasciné par ce « premier Anglais », cet étonnant Païen anglo-saxon. L'essai qu'il nous livre sur l'homme et son ouvre, est très personnel, très « concerné ». Une sorte de biographie poétique, de patient décryptage, en intime osmose avec le texte même, dans tout ce qu'il recèle d'émotions véritables, de sensations immédiates et révélatrices d'une personnalité en pleine gestation. La mer, le ciel méditerranéen, la flûte des bergers, sont partout présents. Mais, aussi bien, le recours à des données d'ordre psychanalytique ou scientifique, permet - à travers chaque livre de Durrell (et chaque étape de sa vie) : du Carnet noir à Tunc, Nunquam et au Monsieur, en passant par cette ouvre capitale qu'est le Quatuor d'Alexandrie - de comprendre comment s'élabore cette réconciliation douloureuse du poète avec lui-même, comment cette « progéniture enténébrée de l'Occident bâtard » a pu engendrer une ouvre prométhéenne comme le Quatuor, réplique européenne du Mandala, ce cercle magique des moines tibétains qui résume toutes choses. Mais l'un des secrets de Durrell n'est-il pas sa naissance au pied de l'Himalaya, non loin de ce Lhassa dont il rêvait à onze ans ?