Né le 24 juin 1928 à Bruxelles, Yvan Delporte entre aux éditions Dupuis comme retoucheur peu après la Libération.
Après avoir fait un peu de tout dans les ateliers, il est chargé d'animer le journal de SPIROU en 1955 et en assurera, sans titre officiel, la rédaction en chef jusqu'en 1968. Son règne sera marqué par de multiples innovations, dont le mini-récit, d'innombrables numéros spéciaux et gadgets exceptionnels, la création de bien des séries devenues célèbres et l'afflux des meilleurs dessinateurs et scénaristes de Belgique, soudés en une joyeuse bande de copains.
Homme inventif et fantaisiste, toujours à l'affût du défi technique "impossible" à relever, il a écrit ou collaboré discrètement à certains scénarios pour les principaux dessinateurs de l'hebdomadaire : Eddy Paape ("Jean Valhardi"), René Hausman ("Saki"), Gérald Forton ("Alain Cardan"), Peyo ("Les Schtroumpfs" et "Benoît Brisefer"), Jidéhem ("Starter"), Roba ("La Ribambelle"), Berck ("Mulligan"), Will ("Isabelle", avec Macherot et Franquin), Frédéric Jannin ("Arnest Ringard", avec Franquin), Carine de Brabanter ("Les Puzzoletti"), etc.
Devenu indépendant, il travaille pour le journal de MICKEY ("Onkr" avec Ténas et "Les Zingari" pour Follet), l'hedomadaire hollandais PEP ("Alfred l'Orphelin" avec Bretécher, "Anna Tommy" pour Peter De Smet, "Llewelyn Flint" pour Peter Van Straaten) et le magazine SUPER-AS ("Colin Colas" avec Ryssack).
Il collabore aux dessins animés des "Schtroumpfs" d'après Peyo et à ceux des "Tifous" avec leur créateur Franquin.
En 1977, il anime durant trente numéros LE TROMBONE ILLUSTRÉ, un supplément intérieur à SPIROU qui se veut un vrai journal drainant nombre de vedettes dans de courtes mais exceptionnelles productions.
Chanteur d'un groupe de dessinateurs musiciens, organisateur d'expositions et d'événements farfelus, encore collaborateur épisodique à SPIROU et aux productions du Studio Peyo, Yvan Delporte reste très actif malgré son âge devenu vénérable.
Né en 1928 à Bruxelles, Pierre Culliford est engagé juste après la Seconde Guerre mondiale comme gouacheur au Studio CBA.
Dans cette petite compagnie qui produit des dessins animés, il fait la connaissance de jeunes artistes qui deviendront des compagnons de route : Morris, Paape et Franquin. C'est ce dernier qui le fera entrer aux Éditions Dupuis, après la déconfiture du Studio CBA. Avant cela et pendant cinq ans, Culliford (qui signe désormais Peyo) tire le diable par la queue et accomplit toutes sortes de petits travaux de dessin publicitaire.
Petit à petit, Peyo met au point des histoires en bande dessinée pour divers quotidiens belges. En 1952, il fait enfin son entrée au sommaire du Journal de Spirou avec les aventures du petit page "Johan". En 1954, le héros se voit flanqué d'un compagnon fantasque : le lutin Pirlouit. L'univers moyenâgeux de "Johan et Pirlouit" s'enrichit encore en 1958 avec l'irruption de personnages secondaires au langage tout particulier : Les Schtroumpfs.
A l'origine, Peyo ne les avait imaginés que pour une apparition dans le neuvième album de "Johan et Pirlouit", mais face à l'enthousiasme qu'ils génèrent, Les Schtroumpfs vont être amenés à vivre des aventures indépendantes. Yvan Delporte, rédacteur en chef de Spirou, invite Peyo à les animer dans des mini-récits, dont le format compact sied tout à fait au petit gabarit des êtres bleus. Les lecteurs sont séduits, ils en veulent plus et "Les Schtroumpfs" passent en grand format.
Face à ce succès foudroyant, Peyo est surchargé de travail, il décide de s'entourer de collaborateurs pour former un studio, où défileront au fil des années Gos, Walthéry, Derib, Francis, De Gieter, Wasterlain et bien d'autres. Dirigée par Peyo, l'équipe réalise collectivement de nombreux albums, permettant de faire vivre les séries sans interruption : "Les Schtroumpfs", "Benoit Brisefer", "Poussy", "Jacky et Célestin".
Le pari est rempli, à l'exception notable de "Johan et Pirlouit", la série de coeur de Peyo, qu'il souhaite dessiner lui-même, et qui forcément, pâtit de son emploi du temps de plus en plus chargé. En 1976, le studio Belvision réalise un long-métrage tiré de l'album "La Flûte à Six Schtroumpfs" qui fait un tabac. À l'aube des années 1980, la Schtroumpfmania devient planétaire avec la mise en chantier d'une série de dessins animés par Hanna-Barbera Productions.
Peyo, épaulé par Yvan Delporte, suit de près cette adaptation qui sera couronnée de succès. Désormais, on schtroumpfera dans toutes les langues. Vedettes de bandes dessinées et de dessins animés, les Schtroumpfs sont demandés de toutes parts (usages publicitaires, jouets, figurines,...). Accaparé par la gestion de ce succès commercial phénoménal, le temps à la table de dessin de Peyo se réduit à peau de chagrin et l'espoir de lire un nouvel épisode de "Johan et Pirlouit" de la main de leur créateur s'amenuise.
Éreinté, Peyo décède le 24 décembre 1992, victime d'un arrêt cardiaque. Depuis sa disparition, ses héritiers et son studio continuent à faire vivre ses personnages en bande dessinée ou au cinéma.
Peyo, créateur des "Schtroumpfs", de "Johan et Pirlouit", de "Benoît Brisefer", est l'un des plus grands noms de la bande dessinée belge. Ses personnages ont connu un succès planétaire et aujourd'hui encore, la lisibilité de ses planches et son talent de conteur forcent l'admiration.