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Rudérale se dit d'une plante qui grandit sur les décombres. Comment qualifier autrement l'enfant livré clandestinement à la perversité de ses parents ? Pris en étau, très longtemps il se tait parce qu'il les aime, parce qu'il est viscéralement loyal. Très longtemps il reste muet parce qu'il est seul, parce qu'il a peur.
Ce récit est celui d'une lutte menée sans répit depuis l'enfance, celui de la reconquête pied à pied de l'estime de soi. Contournant l'écueil des détails sordides, la narratrice privilégie délibérément les soutiens inattendus qui ont jalonné son parcours, tout comme les voies à contrecourant empruntées pour ne pas sombrer.
Hersilia Dessabines fait entendre sa voix après le silence contraint et les chaînes de la honte. Parle-t-elle de résilience ? Non, « Une fois asservis, distordus, brisés, nous ne reprendrons jamais notre forme initiale. ». Il s'agit plutôt de transcendance « au plus près de son sens étymologique : qui s'élève au-delà du reste. » La différence est loin d'être ténue, elle marque la volonté de résister à la tentation de la violence sur soi et sur les autres.