Pourquoi les femmes du royaume polynésien de Tonga bénéficient-elles d'un statut qu'elles ont rarement dans d'autres sociétés ? Q u e signifie le... > Lire la suite
Pourquoi les femmes du royaume polynésien de Tonga bénéficient-elles d'un statut qu'elles ont rarement dans d'autres sociétés ? Q u e signifie le geste de l'offrande des premiers fruits, rituel qui lie le frère à la sour, les tenanciers à leur chef noble, et, autrefois, l'ensemble des Tongiens à leur chef suprême, le Tu'i Tonga ? C'est cette double interrogation qui est à l'origine de cette étude. Pour parvenir à la source d'un prestige féminin quelque peu énigmatique, et plutôt que de s'enfermer dans une problématique centrée sur les seuls rapports hommes/femmes, l'auteur explore l'ensemble des relations qui fondent l'ordre social tongien en prenant appui sur le beau geste de l'offrande des prémices. Aujourd'hui, à Tonga, le kainga unit des « parents », des terres et un chef. Réinscrit dans l'espace polynésien et dans la trame de l'histoire tongienne, le kainga apparaît comme la référence élémentaire de l'entre-soi, le lieu-origine de la construction identitaire. Structuré autour de la relation frère-sour, le kainga fournir aussi un modèle pour penser les rapports entre les sexes et, par eux, les échanges entre les groupes. Le grand rituel du 'inasi' au cours duquel tous les Tongiens faisaienr l'offrande des prémices au Tu'i Tonga et à sa sour, la Tu'i Tonga Fefine - réplique vivante, dédoublée, de la divinité bisexuelle de la fertilité - montre que la hiérarchie sacrée tongienne se concevait comme un kainga à l'échelle cosmique. Cet ouvrage est le premier livre d'anthropologie historique publié en français sur la Polynésie occidentale. Conjuguant l'approche comparative et la perspective historique, il a pour objet de montrer comment peuvent s'articuler les ressorts profonds de la construction identitaire et les logiques d'un ordre politique en formation.