Honneur et gloire au jeune poète dont la muse aime les locataires des mansardes et des caves, et dit d'eux aux habitants des palais dorés : Ce sont... > Lire la suite
Honneur et gloire au jeune poète dont la muse aime les locataires des mansardes et des caves, et dit d'eux aux habitants des palais dorés : Ce sont aussi des hommes, ce sont vos frères ! » C'est en ces termes que Biélinsky saluait en 1846 l'apparition des Pauvres Gens, et certes l'enthousiasme du grand critique russe n'avait rien que de légitime : pour un début, Dostoïevsky venait de s'affirmer comme un maître : à vingt-cinq ans, à l'âge où tant d'écrivains, même heureusement doués, se cherchent encore, il s'étaient soudain révélé, sinon dans toute la plénitude de sa puissante personnalité, du moins avec ce qui devait en rester toujours le trait le plus significatif : son ardente et contagieuse sympathie pour les obscurs vaincus de la vie, ceux que lui-même a appelés plus tard les « humiliés » et les « offensés ».