Chez Jeanne, "la beauté n'était pas évidente : vu de près, le visage donnait une impression plutôt d'insignifiance, les petits traits n'arrivaient... > Lire la suite
Chez Jeanne, "la beauté n'était pas évidente : vu de près, le visage donnait une impression plutôt d'insignifiance, les petits traits n'arrivaient pas à se rejoindre, s'égaraient dans une mobilité extrême. Il y avait comme deux Jeanne : l'une, dans la maison rue Richelieu, et l'autre, dans la salle de classe de l'Opéra. Dans les lumières, de loin, son visage se redessinait, renaissait, avec éclat et précision. C'était un masque d'amphithéâtre, d'arènes, ou de théâtre tout simplement. Le vieux professeur observant Jeanne danser parfois se disait qu'elle serait la première hirondelle de printemps du siècle - ce siècle qui venait de naître et promettait, pourquoi pas, une femme nouvelle..." C'est à Odessa, dans les années 1910. Jeanne ne sera pas danseuse. Jeanne, à dix-huit ans, deviendra la première grande vedette du cinéma russe à sa naissance. Parce qu'elle était faite pour ça, parce qu'elle "forçait la vision". Parce que, en toute chose, elle était exceptionnelle, surprenante. C'était à Odessa, à Saint-Pétersbourg, dans les années 1910 - - y compris 1914 et 1917. Mais l'histoire de Jeanne ne fait que commencer : elle ira plus loin, très loin, jusqu'en Amérique en passant par la France, à travers cette époque tumultueuse et magnifique que fut l'entre-deux-guerres.