A Sully Prudhomme.
Quand la première neige tombe,
Recouvrant, comme de draps blancs,
Les gazons jaunis et tremblants,
Victimes prêtes pour... > Lire la suite
A Sully Prudhomme.
Quand la première neige tombe,
Recouvrant, comme de draps blancs,
Les gazons jaunis et tremblants,
Victimes prêtes pour la tombe ;
Quand la terre entière frissonne
Sous ce premier et froid baiser,
Rien, jamais, ne peut apaiser
Le triste glas que mon cour sonne.
J'ai beau, dans ma chambre bien close,
M'asseoir devant un feu joyeux,
Et fermer doucement les yeux,
Pour tâcher de tout voir en rose ;
Et lorsqu'au dehors j'entends geindre
La tempête, j'ai beau vouloir
Ne penser dans mon lit, le soir,
Qu'au bon sommeil qui va m'étreindre ;
Rien ne me réchauffe, et mon âme
Grelotte pour les indigents
Qui sentent mourir, pauvres gens,
De froid, leurs enfants et leur femme.
Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.