Les obligations de vigilance des Etats parties à la Convention européenne des droits de l'homme - Essai sur la transposition en droit européen des droits de l'homme d'un concept de droit international général
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Contrepartie de la souveraineté exercée par les États sur leur territoire, l'obligation de vigilance leur impose de protéger les droits de leurs pairs contre les agissements préjudiciables des particuliers, en déployant leur pouvoir de coercition avec la vigueur nécessaire à la répression effective de ces comportements. À ce titre, elle ne constitue pas un outil naturel de la protection des droits de l'homme, dont l'objectif est au contraire de contenir l'autorité du souverain, afin de protéger les droits et libertés des personnes se trouvant sous son contrôle. Si la transposition pure et simple du concept international de vigilance à la matière des droits de l'homme est impossible, l'analyse attentive des conventions internationales qui lui sont consacrées révèle l'influence décisive de ce qu'il convient d'appeler la « logique de la vigilance », dans le sens où elle impose l'usage des prérogatives souveraines pour prévenir la violation des droits. Cette évolution atteint son stade le plus avancé dans le cadre du droit de la Convention européenne des droits de l'homme, avec la reconnaissance d'un grand nombre d'obligations, dont il a été partiellement rendu compte en faisant appel aux théories de l' « effet horizontal » de la Convention ou des obligations dites « positives », et qui relèvent en réalité de la logique plus globale de la vigilance. Ces obligations traduisent l'avènement d'une dimension nouvelle de la protection des droits et libertés, fondée sur l'idée que son effectivité exige désormais de se doter d'une organisation législative, administrative et judiciaire globalement conçue pour réduire au maximum les risques de violation. En définitive, étudier le droit européen des droits de l'homme à la lumière de la vigilance permet de révéler les enjeux d'une évolution qui, bien que n'ayant pas attiré outre mesure l'attention des observateurs, marque à ce jour la dernière étape du processus de sophistication de la protection des droits de l'homme.
Docteure en droits de l'homme de l'Université de Strasbourg.
Professeur à l'Université de Strasbourg, Institut de recherches Carré de Malberg.
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