« Colette a eu la libido et le talent nécessaires pour écrire des romans érotiques comme Nerciat. Elle n'en a rien fait, mais elle a été à l'extrême limite permise par l'édition de son temps.[3] »
Celle qui a écrit « J'écoute, la tête sur ta poitrine, palpiter le vent, les flammes et ton cour », cette« prêtresse païenne des instincts et des tempêtes de la chair[4] » a laissé une grande ouvre très autobiographique et très libertine pour l'époque, mais n'a jamais écrit de livre réellement érotique.
« La fabrique » Willy oblige Colette à écrire Minne (1904) et les Égarements de Minne (1905).
Après son divorce, elle reprend avec plus de concision ces deux petits textes en les réunissant : ce sera L'Ingénue libertine, ouvrage publié sous son nom en 1908.
L'édition originale des Cousines de la colonelle, « roman galant naturaliste », fut publiée en 1880 par Gay et Doucé, célèbres éditeurs de littérature érotique, sous le pseudonyme de vicomtesse de Cour Brûlant. On sait aujourd'hui que son auteur fut la marquise de Mannoury d'Ectot, petite-fille du chimiste Nicolas Leblanc.
« La petite-fille de Leblanc était donc devenue antibonapartiste et antirépublicaine, états d'esprit assez bien vus à l'époque. Elle acquit le titre de marquise en se mariant vers 1856 et se piqua assez tôt de belles lettres. Après un mémoire sur Leblanc, elle écrivit aussi les Mémoires d'un tailleur pour dames, sous le pseudonyme cartésien de Femme Masquée. Jules Claretie - qui était le Bertrand Poirot-Delpech du temps, lui aussi dans un fauteuil à l'Académie française - avait toutes les raisons du monde de déclarer 1880 année pornographique.
Certes, Eugène Sue et Émile Zola étaient visés, mais nul mineur n'avait encore coupé la verge d'un tyran. La cible intéressait tout le naturalisme. »
La marquise tenait salon dans son château normand, près d'Argentan, et recevait des poètes et des artistes : Paul Verlaine, le compositeur Charles de Sivry, Charles Cros, Guy de Maupassant, Félicien Rops, etc. Bientôt ruinée, elle vint à Paris et se mit à écrire des romans libertins.
Publiées en janvier 1669, à Paris, par Claude Barbin, les Lettres portugaises ne portaient pas de mention d'auteur.
Cependant dans un avis au lecteur, l'éditeur précisait : « j'ai trouvé les moyens, avec beaucoup de soins et de peine, de recouvrer une copie correcte de la traduction de cinq lettres portugaises qui ont été écrites à un gentilhomme de qualité qui servait en Portugal. » On ne devait pas tarder à connaître le nom du destinataire qui en avait fait circuler des copies avant qu'elles ne soient publiées, sans doute par vantardise.
Et dès la troisième édition publiée à La Haye en 1690, on trouve le nom du chevalier à qui ces lettres étaient destinées, le comte de Chamilly, dit alors le comte de Saint-Léger Saint-Simon, dans ses Mémoires, en livre une description peu amène : « C'était un grand et gros homme le meilleur homme du monde, le plus brave et le plus plein d' honneur, mais si bête et si lourd qu'on ne comprenait pas qu'il pût avoir quelque talent pour la guerre...
À le voir et à l'entendre, on n'aurait jamais pu se persuader qu'il eût inspiré un amour aussi démesuré que celui qui est l'âme de ces fameuses Lettres portugaises. »
En revanche, il faudra attendre 1810 et une note de Boissonade pour connaître enfin l'auteur de ces cinq lettres magnifiquement enflammées : « Sur mon exemplaire de l'édition des Lettres portugaises, de1669, il y a cette note, d'une écriture qui m'est inconnue : la religieuse qui a écrit ces lettres se nommait Mariana Alcoforado (1640-1723), religieuse à Beja, entre l'Estrémadure et l'Andalousie. »
Ces cinq lettres passionnées, d'un désespoir lucide sur le plaisir et la douleur de l'amour, annoncent l'analyse des passions de Madame de La Fayette.
Stendhal les commentera en ces termes : « Il faut aimer comme la religieuse portugaise et avec cette âme de feu dont elle nous a laissé une si vive empreinte dans ses lettres immortelles. »
Mariana Alcoforado nous livre dans ses lettres l'un des plus beaux monologues de la littérature.
Le monde manichéen de la comtesse de Ségur (1799-1874), destiné à donner une morale aux enfants d'ailleurs bien désuète aujourd'hui, mérite une seconde lecture.
Tant dans Les Petites Filles modèles que dans Le Général Dourakine, on peut découvrir des trésors de perversité.