Gribou, chou, genou, hibou... La rengaine évoque des odeurs de craie et de coups de règle sur les doigts. C'est bien d'une sorte de bande d'écoliers... > Lire la suite
Gribou, chou, genou, hibou... La rengaine évoque des odeurs de craie et de coups de règle sur les doigts. C'est bien d'une sorte de bande d'écoliers qu'il s'agit, chahuteurs, hirsutes et tendres à la fois. Les gribous, ainsi nomme-t-on les taulards de Clairvaux, qui font peur aux enfants du village quand ils ne sont pas sages. Gribou, ça sonne comme caribou et se perd dans la forêt, solitaire. Ça claque comme gabelou, et rejoint alors l'inventaire des bandits de grands chemins, sans lendemain, qui n'ont peur que d'eux-mêmes. Les gribous, frères en longues peines, aux matricules d'oubli presque effacés, il fallait bien les extraire, leur redonner un visage et une voix. Un instant de vie. L'auteur les connaît. Il fut l'un d'eux. Multirécidiviste, il a fait son compagnonnage carcéral : Fresnes, La Santé, Clairvaux, Lyon, Bordeaux, Valence, Besançon... Maisons centrales et maisons d'arrêt, où s'arrête le temps. Il écrit le voyage, comme on raconte un mauvais rêve, avec parfois une petite lumière au fond d'un couloir : l'amitié d'un curé pas ordinaire, les yeux de Sarah-Bon-Point, le rire de Bouboule. Sans doute. « Les gribous » est le premier livre de Lucien Meyronein, né en 1946.