Après avoir manqué, il y a dix ans, le virage du magnétoscope, Thomson envisage, à la fin des années 70, une alliance avec les Japonais, accueillie... > Lire la suite
Après avoir manqué, il y a dix ans, le virage du magnétoscope, Thomson envisage, à la fin des années 70, une alliance avec les Japonais, accueillie sans enthousiasme à l'époque par les autorités. Après 1981, le nouveau gouvernement signifie clairement à l'entreprise, qui vient d'être nationalisée, son refus. Moins de trois ans plus tard l'accord est signé. Avec le soutien des pouvoirs publics. Pourquoi ? Au début des années 60, les Américains refusent de livrer à la France un ordinateur qui aurait pu avoir des applications militaires. C'est cet affront qui donnera naissance au dessein gaulliste de construire une grande industrie informatique nationale. Pourtant, en dépit des efforts, des crédits et des bonnes intentions, ce secteur est aujourd'hui dans une situation plus dramatique que jamais. Pourquoi ? C'est ce qu'explique, à travers de nombreux récits pris sur le vif où les rebondissements relèvent quelquefois plus des vaudevilles que de la stratégie, ce livre sur les grandes manouvres dans l'industrie sous la Ve République. De Saint-Gobain à Rhône- Poulenc, de Péchiney à Elf- Aquitaine, les occasions de mariages, de brouilles et de divorces entre les groupes ne manquent pas et n'ont pas manqué, que ce soit dans la chimie ou le pétrole ou les télécommunications. On y découvre des hommes politiques et des hauts fonctionnaires obsédés par le principe de l'indépendance nationale et qui jouent à un super-Monopoly avec les entreprises sur lesquelles ils exercent une tutelle ou un pouvoir. En face, les managers se prennent pour Clausevitz. Cohen et Bauer projettent une lumière crue et souvent iconoclaste sur les politiques industrielles et les stratégies d'entreprise, et nous dévoilent ce que nous pressentions : l'État, empêtré dans les guérillas que se livrent ses grands corps, ses ministères et ses entreprises, est aujourd'hui frappé d'impuissance, parce que prisonnier de logiques et de principes trop souvent étrangers aux réalités économiques.