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À la veille de 1914, toute la stratégie allemande repose sur l'hypothèse d'une défaite rapide de la France en cas de conflit militaire, permettant aux Empires centraux de tourner ensuite toutes leurs forces contre la Russie. Le plan Schlieffen doit permettre de vaincre, en quelques semaines, une nation réputée légère, frivole, inconstante, affaiblie par l'anarchie républicaine et les Folies-Bergère. Quatre ans plus tard, c'est l'Allemagne qui s'effondre. La France a tenu, à la surprise générale de l'Europe. Grâce à son armée, mais aussi, grâce à la coopération pleine et entière de ses populations civiles. Jean-Jacques Becker montre ici comment les différentes couches sociales ont réagi à l'épreuve de cette guerre de quatre ans qui fit plus de morts que la guerre de Cent Ans. Pourquoi et comment, paysans, bourgeois et ouvriers ont-ils résisté à l'usure d'un interminable carnage ? Pourquoi, pour la France, la révolution, que certains avaient promise, ne fut pas au rendez-vous de la guerre ? Jean-Jacques Becker utilise l'extraordinaire et inédite documentation laissée derrière eux par les fonctionnaires et les soldats de cette Troisième République en guerre. Entre 1914 et 1918, et surtout à partir de 1917, l'État ausculte passionnément le corps social, s'inquiétant de chaque mouvement d'humeur national ou local, de chaque chute du moral, de chaque grève, prêt à sévir s'il le faut vraiment, mais aussi déterminé à beaucoup accorder - aux paysans, aux ouvriers - pour que rien ne vienne désagréger la communauté nationale, que rien ne se mette en travers de la seule chose qui compte : la Victoire.