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Dans les années sombres de la Seconde Guerre mondiale, l'École normale supérieure de la rue d'Ulm a vécu au rythme des événements qui ont boule-versé la France. S'y sont croisées des figures aussi différentes que Jérôme Carcopino - directeur de l'École et un temps ministre à Vichy -, Jean Cavaillès - « philosophe bourré d'explosifs » - et Henri Cartan - le père des mathématiques modernes. Des jeunes gens appelés à un brillant avenir y ont fait leurs premières classes universitaires. Pêle-mêle, Maurice Clavel, Jean Delumeau, Pierre Moussa, René Rémond ou Jean-François Revel pour les lettres, Marcel Boiteux, Gérard Debreu ou René Thom pour les sciences. Tandis que les candidats juifs, interdits de scolarité, se voyaient attribuer des numéros « bis » en cas de réussite au concours. Alors les normaliens ont à la fois beaucoup travaillé et, pour certains, beaucoup résisté, surtout après la mise en place du STO en février 1943. Robert Salmon a fondé Défense de la France. Henri Plard a passé trois mois à Drancy pour avoir porté l'étoile jaune alors qu'il était protestant. La Gestapo a fait irruption rue d'Ulm la nuit du 4 août 1944. Elle a arrêté le directeur adjoint Jean Bruhat et le secrétaire général Jean Baillou. Le premier n'est jamais revenu de Buchenwald. Soixante ans après, c'est cette histoire que retrace Stéphane Israël au terme d'une enquête sur les normaliens des promotions 1937 à 1943 et sur l'administration et les enseignants de l'École pendant la Seconde Guerre mondiale. L'histoire totale d'un passé qui ne passe pas.