Adam Thom est, dans les années 1830, l'un des porte-parole les plus influents de la communauté anglophone du Bas-Canada. Sous le pseudonyme de Camillus,... > Lire la suite
Adam Thom est, dans les années 1830, l'un des porte-parole les plus influents de la communauté anglophone du Bas-Canada. Sous le pseudonyme de Camillus, il publie dans le Montreal Herald des lettres vitrioliques adressées au nouveau gouverneur en poste, lord Gosford, dans lesquelles il exprime les opinions d'un groupe de marchands, de banquiers, de magistrats et de miliciens ultraconservateurs. Il s'oppose aux meneurs du Parti patriote et à leurs partisans, des « habitants illettrés » qui ignorent leurs véritables intérêts, tout en dénonçant la collaboration des autorités impériales conciliantes de Westminster. De manière prophétique, Adam Thom envisage une intervention armée pour assimiler ou annihiler les « ennemis français de la race anglaise ».
François Deschamps, dans une brillante mise en contexte, montre comment ces lettres annoncent les rébellions de 1837-1838, le rapport Durham et l'Acte d'Union de 1840 et comment elles pavent la voie à l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867. Loin de n'être que l'opinion d'une poignée de fanatiques, ces lettres exposent l'irréconciliable fracture entre le désir d'émancipation des colonies britanniques et la protection des intérêts de l'Empire britannique.
François Deschamps a publié en 2015 aux Presses de l'Université Laval La « rébellion » de 1837 à travers le prisme du Montreal Herald et en 2016 The Prophetic Anti-Gallic Letters. Adam Thom and the Hidden Roots of the Dominion of Canada chez Baraka Books. Il poursuit des études doctorales à l'UQAM.
Adam Thom est originaire d'Écosse et a immigré à Montréal en 1832. Nommé rédacteur en chef du Montreal Herald en janvier 1835, il est hostile à la majorité canadienne francophone et à la politique de conciliation du gouvernement britannique. Il participe à la rédaction du rapport Durham, publié en 1839. Après un passage à Red River (Manitoba) où il entre en conflit avec les métis francophones, dont Louis Riel, il retourne au Royaume-Uni en 1854.