Les adversaires de Voltaire et de Diderot ont longtemps été considérés comme des esprits rétrogrades voire médiocres. Récusant cette vision manichéenne,... > Lire la suite
Les adversaires de Voltaire et de Diderot ont longtemps été considérés comme des esprits rétrogrades voire médiocres. Récusant cette vision manichéenne, Didier Masseau procède à une analyse socio-historique sans exclusive des milieux intellectuels de la France des Lumières et montre comment les stratégies de carrière révèlent des positions instables et des tensions multiples. Sous le terme général d'antiphilosophie se cache en fait une multitude de courants (jansénistes, jésuites, apologistes...) ayant pour seul point commun la haine des philosophes, ces derniers étant accusés de monopoliser les lieux du pouvoir intellectuel et d'imposer une pensée unique. Mais la principale motivation des antiphilosophes est sans conteste la défense du christianisme : il s'agit, en effet, de rappeler l'existence de Dieu, notion fortement remise en question par les idées nouvelles. Pour être entendus et trouver des lecteurs, les adversaires des philosophes doivent, à leur tour, recourir aux genres littéraires à la mode : dictionnaire, dialogue, roman, théâtre. L'histoire culturelle de la deuxième moitié du XVIIIe siècle est faite de chevauchements, d'interférences, de tensions et de contradictions entre les courants de pensée, même si, à la veille de la Révolution, les philosophes des Lumières finissent par l'emporter parce qu'ils ont su créer l'espace culturel qu'ils ont investi en même temps. Didier Masseau est professeur de littérature française du XVIIIe siècle de l'université de Tours. Il a notamment publié L'Invention de l'intellectuel dans l'Europe du XVIIIe siècle, Paris, 1994.