Le journalisme est un secteur qui semble touché par une crise durable, massive et double. Une crise économique qui ne cesse de réduire le nombre et... > Lire la suite
Le journalisme est un secteur qui semble touché par une crise durable, massive et double. Une crise économique qui ne cesse de réduire le nombre et la taille des rédactions. Une crise symbolique avec une défiance croissante envers une profession dont les membres et les productions sont contestés et rejetés parfois violemment. La critique de professionnels formatés et d'un monde où la diversité sociale n'a pas sa place vient la renforcer. Pourtant les formations au métier de journalistes se multiplient et les vocations sont nombreuses. Porter une attention particulière aux propriétés et trajectoires sociales des étudiants en école de journalisme, comme le fait cet ouvrage qui s'appuie sur une enquête statistique et des entretiens, permet de sortir de ces paradoxes et de mettre en lumière les conditions sociales de l'entrée et du maintien dans la profession de journaliste. Si la raréfaction des postes combinée à la course au diplôme tend à accroître la sélection à l'entrée, c'est à un espace hiérarchisé de formations que sont confrontés les prétendants au métier dont les exigences sont aussi celles de la reproduction sociale du groupe familial. Les ressources décisives pour l'entrée dans ces écoles (économiques, culturelles mais aussi sociales), le sont aussi pour les carrières professionnelles qui confirment la hiérarchie de ces établissements. Ces différences se retrouvent dans les trajectoires singulières vécues par les étudiants montrant la nécessité sociale derrière la singularité des carrières individuelles. Ces évolutions traduisent l'institutionnalisation croissante de cet univers a priori incertain qu'est le champ journalistique.