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L'auteur voit dans l'écriture que pratiquent les clercs de la chancellerie royale castillane au tournant des XIIe et XIIIe siècles l'origine des premières expressions, en Castille, d'une littérature tournée vers la fiction. Son étude de l'écriture de chancellerie est proprement éblouissante : naissance et développement du phénomène, puis, tout le paysage, jusqu'ici presque inconnu, des groupes, de leurs chefs, des écoles, des rivalités, des grandes évolutions. Quelques personnalités remarquables sortent définitivement de l'ombre : Juan de Osma, récemment éclairé, en outre, par un colloque du SIREM en Sorbonne, l'étrange Mica, où Amaia Arizaleta est tentée d'entrevoir le premier transfuge ouvrant la route qui mène de la charte à l'écrit littéraire. Car tel est bien le cour de la question, décisive et donc un peu effrayante, qu'elle aborde : le passage insensible de la belle charte à une écriture narrative qui entre en connivence avec la tradition des fictions exemplaires. L'objet de l'ouvrage se trouve donc dans l'entre-deux de la charte et de la littérature. Mais ce que propose l'auteur, le produit de son travail, est lui-même un entre-deux de la science et de la littérature. Il y a quelque chose de littéraire en essence, quelque chose de romanesque, dans une approche, très savante néanmoins, et rigoureusement scientifique, du passé, servie par l'éclat d'une belle écriture.