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Il y a un certain temps déjà que le quotidien est devenu un objet de recherche légitime pour le sociologue. Plus récemment, il a été le dénominateur commun de nouveaux mouvements sociaux (urbains, écologistes, féministes...). On assiste aujourd'hui à un changement de registre dans la diffusion de ce thème : valorisation compulsive de la vie locale et de l'enracinement dans le territoire, incantation de l'intimité et réduction des rapports sociaux à leur dimension psychologique. Mais si on peut parler d'une nouvelle sensibilité culturelle, elle est surtout le fait de certaines fractions des classes moyennes et, en particulier, de celles issues de l'élargissement de l'espace socio-économique organisé par le développement de l'État-Providence. La croissance d'institutions telles que l'Éducation, la Santé, la Culture, a produit de nouveaux spécialistes de l'humain : pédagogues, thérapeutes, animateurs, etc. Ceux-ci ont trouvé des territoires professionnels pour mettre en ouvre et diffuser leur vision du monde. Ces catégories sociales ont ainsi enrichi l'air du temps avec des productions culturelles qui sont des recherches d'identité collective, créatrices et innovantes et, en même temps, des élaborations idéologiques qui cautionnent leur expansion et légitiment leurs pratiques professionnelles. Les aventuriers du quotidien, qui se voudraient les expérimentateurs de rapports sociaux consensuels, sauront-ils s'aventurer hors du giron public qui les protège de la conflictualité du social ?