Jul est né en 1974. Avant de devenir dessinateur, il vagabonde dans de longues études, de Normale sup à l'agrégation d'Histoire, de la recherche en sinologie à l'enseignement universitaire... Mais son enfance passée dans une école alternative a semé des graines coriaces : défroqué de l'Éducation nationale, il débute comme dessinateur de presse dans les plus grands médias, où la joie du dynamitage de l'actualité le conquiert définitivement.
C'est son premier album de bande dessinée, "Il faut tuer José Bové", qui le révèle.
"La Croisade s'amuse" parodie le choc des civilisations. En 2007, "Le Guide du moutard" reçoit le prix Goscinny.
En 2009, Jul investit dans l'âge de pierre ! "Silex and the City" est sa première série, saga familiale et satire implacable de notre quotidien d'hommes modernes. Après un détour fracassant, au côté de Charles Pépin, vers la philosophie ("La Planète des sages" , deux tomes et plus de 150 000 exemplaires vendus ; "Platon la Gaffe", grand succès de l'année 2013), il poursuit l'aventure "Silex and the City" avec une série sur Arte (5 saisons depuis 2016) et ce neuvième volume :
"La Dérive des confinements".
Depuis, il a repris le scénario des nouvelles aventures de Lucky Luke avec "La Terre promise", "Un cow-boy à Paris", "Un cow-boy dans le coton" avec Achdé au dessin.
En 2017, Jul et Charles Pépin continue leur collaboration autour de "Cinquante nuances de Grecs" (Dargaud), dont le deuxième tome sort en 2019, qui, comme "Silex and the City", connaît une adaptation en série animée sur Arte.
En 2020 Jul sort "Coloc of Duty" (Dargaud) une bande dessinée d'actualité criante, destinée au 12-25 ans et plus largement au public intéressé par le concept de partage et la conservation des ressources naturelles réalisée en collaboration avec l'AFD (Agence française de développement).
En 2021, Sagar et lui dessineront le scénario de Herrou et Aurélie qui s'intitule "Voyage autour de ma chambre" (Glénat).
En 2022, il travaille conjointement sur les scénarios du dernier Lucky Luke, à ce jour, « L'Arche de Rantanplan » avec Achdé (Dargaud) et le tome 20 de Spirou avec Libon (Dupuis).
En 2023 paraît le tome 10 de « Silex and the city » (Dargaud).
Achdé est né en 1961 dans une famille rapatriée du Maroc.
Il grandit dans une ZUP de Nîmes, en pleine garrigue, au coeur d'un mélange de communautés et de cultures, ce qui n'empêche pas les bonnes relations quotidiennes et ni les jeux avec des copains venus d'horizons différents. « Je vivais La Ribambelle tous les jours ! », dit-il en évoquant sa jeunesse. Comme ses parents n'ont pas assez d'argent pour lui payer le cinéma, il se contente de regarder le film du dimanche à la télé.
« J'avais le choix entre un western et un film de chevaliers. Je préférais le premier : les cow-boys m'impressionnaient, alors que les chevaliers avaient l'air couillon dans leur boîte de conserve ! », raconte cet admirateur de L'Homme qui tua Liberty Valance, le film de John Ford. Attiré par les grands espaces, il se lance, en 1983, dans un voyage initiatique à la Jack Kerouac ; direction l'Amérique du Nord ! Il réunit ses (maigres) économies et cache de l'argent dans ses chaussettes pour échapper au contrôle des changes instauré par le gouvernement.
Il passe un mois entre Canada et États-Unis, et, hélas ! l'armée française se rappelle à son bon souvenir...
Achdé - qui pensait effectuer un an et demi de coopération au Yemen, en souvenir des livres d'Henry de Monfreid - rentre en France pour faire ses classes à Aix-en-Provence ! Il rejoint le service de santé aux armés, puis, libéré, il reprend son métier de manipulateur en électroradiologie.
Mais le dessin titille cet amoureux de bande dessinée, fervent lecteur du magazine mythique Mad. Il laisse traîner quelques crobards dans la salle d'attente du cabinet, pour le plus grand bonheur des patients venus passer une radio. Il faut dire qu'il est tombé tout petit dans la marmite de la BD. La « faute » à Morris, à Lucky Luke et à la scène mythique du duel au poker dans l'album Le Juge, qu'il découvre à l'âge de 4 ans en lisant un numéro de Spirou.
À 7 ans, Achdé dérobe une partie de l'argent de la quête, à l'église, pour s'offrir son premier album de Lucky Luke ! Mais que les tenants de la morale se rassurent, le jour où il a repris la série, il est retourné sur les lieux pour mettre l'équivalent de la somme dans le tronc !
La suite est connue. Elle appartient à l'histoire contemporaine de la bande dessinée : après les années de galère, la création d'une petite agence de pub, les premiers dessins publiés dans Midi libre, la signature d'un contrat avec Dargaud le jour de ses 30 ans, le succès avec la série CRS = Détresse, c'est, enfin, la consécration avec la reprise de Lucky Luke.
« À mes débuts, je montais à Paris une fois par an pour présenter mon dossier... que tous les éditeurs refusaient, avec les prétextes les plus divers. L'un d'eux, très connu, m'avait dit : "Le gros nez, c'est terminé..." Je crois que c'est ma ténacité qui m'a permis de continuer ! », raconte Achdé. En effet, il n'a jamais baissé les bras, même pas quand il a tout perdu lors des inondations à Nîmes en 1988.
De toute façon, dès l'école maternelle, son avenir était écrit. Le jour où la maîtresse lui avait demandé ce qu'il ferait plus tard, sa réponse avait fusé, aussi rapide qu'un cow-boy dégainant son six-coups : « Je veux dessiner Lucky Luke ! »