« L'aspect le plus novateur et le plus controversé du soutien des anarchistes aux chômeurs est leur approbation de ce qu'ils appelaient "crime social"... > Lire la suite
« L'aspect le plus novateur et le plus controversé du soutien des anarchistes aux chômeurs est leur approbation de ce qu'ils appelaient "crime social" : une lutte menée par les chômeurs, dont "la dernière option décente" était de "s'associer pour conquérir de force leur droit à la vie". Cette idéologie entraînait une attitude méprisante envers les mendiants. Un soir, Durruti provoqua un silence dans un bar : à un clochard qui lui demandait de l'argent, il donna un pistolet et ce conseil : "Va dans une banque si tu veux de l'argent !" »
Chris Ealham donne ici l'étude de référence du mouvement anarchiste à Barcelone à l'époque où il formait l'épicentre du courant libertaire. Loin de l'image convenue des utopies modernistes de Gaudí, ce livre rappelle la réalité cauchemardesque d'une capitale de la misère grandie trop vite. Le fossé entre les deux villes, bourgeoise et populaire, y est plus profond qu'ailleurs et alimente un affrontement sans merci. La fin de la dictature en 1931 ouvre une période clé de l'anarchisme hispanique. À Barcelone, les forces de la « République de l'ordre » combattent le plus puissant mouvement libertaire de l'histoire. Puis le putsch de Franco provoque à l'été 1936 un embrasement révolutionnaire dont la capitale de la Catalogne est le principal foyer. C'est tout le cycle de la naissance, du développement et finalement de l'échec de l'anarchisme barcelonais que ce livre retrace dans ses dimensions inséparablement sociales, urbaines et politiques.
Spécialiste reconnu de l'histoire de l'anarchisme ibérique au début du XXe siècle, Chris Ealham réside et enseigne en Espagne depuis de longues années. Outre la thèse dont ce livre est issu, il a récemment publié une biographie du dirigeant et historien anarchiste José Peirats.