Ce recueil s'inscrit dans une tradition : il se rattache, par son thème, à l'Antiquité classique, (qu'on veuille bien se rappeler ce qu'écrivirent... > Lire la suite
Ce recueil s'inscrit dans une tradition : il se rattache, par son thème, à l'Antiquité classique, (qu'on veuille bien se rappeler ce qu'écrivirent Théognis pour Cyrnus, et Pindare pour Théoxène de Ténédos) et il renoue, par son style, avec les enchantements des XVIe et XVIIe siècles. Sonnets et ballades, odes et stances, élégies et madrigaux nous offrent, gravés sur les blasons d'une beauté virile, les extases et les tourments d'un jeune homme qui n'en finit pas d'espérer, à la manière de Phèdre... Les délices d'une jouissance verbale mêlant le sang, l'or et l'azur expriment un érotisme mystique d'inspiration platonicienne, où la brûlure du désir charnel n'est que l'effet d'une flamme divine, dont il faut saluer ici l'incontestable noblesse. Blessée, consumée, la victime d'un rêve chante d'une voix très pure une passion, qui s'exalte à force de se dire : « J'aurai tant dit, tant parfait ta louange, qu'aux temps futurs, mes vers audacieux perpétueront le règne de mon ange. » Toujours brisée mais toujours renaissante, l'espérance d'être comblé fait fleurir les paradoxes absolus à l'orée de la mort et de la folie. Le miracle, c'est que Jean-Luc Sarazin, en grand poète, traverse ses sentiments avec la légèreté d'un sylphe.