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Dans ce troisième volume des Rougon-Macquart, Zola veut peindre le féroce égoïsme des petits-bourgeois du Second Empire, des boutiquiers des Halles qui digèrent en paix et qui n'entendent pas qu'on dérange leurs habitudes. À des degrés divers, ils seront sans pitié pour Florent, l'utopiste, échappé du bagne. Il sera vaincu par la trivialité, la lâcheté, la mesquinerie et l'hypocrisie du milieu des Halles. Le Ventre de Paris est resté célèbre pour ses descriptions, critiqué parfois à cause de leur longueur, leur outrance. « Poème du ventre », le roman constitue une immense nature morte par laquelle Zola veut rivaliser avec les peintres réalistes. Le sujet le plus commun, la matière la plus basse peuvent être objet de l'art et magnifiés par lui. Les Halles sont l'emblème de la modernité, par leur architecture audacieuse et fonctionnelle. Elle sont aussi la métaphore du réel, elles offrent au regard la profusion des produits de la nature. Avec une jubilation qui n'est pas le moindre mérite du roman, Zola s'attarde à décrire la diversité du monde, les variétés de couleurs, de formes, de matières, dans de véritables compositions où tous les sens participent. Vivantes et colorées, les Halles sont aussi une image de la pourriture, de la puanteur, de la mort à l'ouvre dans la vie. Elle sont fascinantes et dangereuses. Cette ambiguïté des choses, cette ambivalence des êtres devant les choses sont en vérité le thème central du roman.