Le temps du cavalier

Dans l'espace clos du hasard et du malentendu, deux femmes, inconnues l'une de l'autre, se trouvent réunies. Paroles, détours, silences s'échangent et se confondent, sans que l'on sache très bien à qui ils appartiennent et, de ces voix mêlées, un récit va naître, tandis qu'un discours se défait. Une petite fille surgit d'un passé lointain. Définitivement séparée de son lieu d'origine, elle est transportée dans un pays d'adoption : univers miroitant, saugrenu, a priori hostile, dont elle ne comprend ni le parler, ni les coutumes.
Au fur et à mesure qu'elle fait sienne la langue étrangère, les mots de la langue maternelle semblent la quitter, lui échapper un peu plus tous les jours. Seuls subsisteront, telle une marque de naissance, quelques inflexions, des rythmes, des sons. Mince et précieux héritage, auquel obstinément elle s'accroche afin d'exister et de se reconnaître. Afin de toucher au plus près la frontière au-delà de laquelle attendent, encryptés et patients, les mots oubliés et tus.
C'est un récit violent, c'est aussi un parcours. Le temps, omniprésent, le scande et l'ordonne.