L'humiliation est devenue l'ordinaire des relations internationales. Rabaisser un État, le mettre sous tutelle, le tenir à l'écart des lieux de décision,... > Lire la suite
L'humiliation est devenue l'ordinaire des relations internationales. Rabaisser un État, le mettre sous tutelle, le tenir à l'écart des lieux de décision, stigmatiser ses dirigeants : autant de pratiques diplomatiques qui se banalisent. Ainsi se développe une « diplomatie de club », celle du Conseil de sécurité et du G7, tandis que les États émergents - Inde, Brésil, Turquie - ou les anciennes puissances - Russie - se voient dénier toute réelle capacité d'initiative ou contraints d'adopter des stratégies déviationnistes, souvent peu productives. De quoi ces diplomaties de l'humiliation sont-elles révélatrices ? Les réactions des humiliés - de la conférence de Bandung en 1955 aux printemps arabes - n'invitent-elles pas à une autre gouvernance ? Convoquant l'histoire et la sociologie politique, Bertrand Badie remonte aux sources de l'humiliation : la montée des revanchismes dans l'entre-deux-guerres, une décolonisation mal maîtrisée. Il montre que sa banalisation consacre l'émergence dramatique des opinions publiques et des sociétés sur la scène internationale, mais qu'elle trahit aussi l'inadaptation des vieilles puissances et de leurs diplomaties à un monde de plus en plus globalisé. Dès lors, il devient urgent de reconstruire un ordre international dans lequel les humiliés et leurs sociétés trouveront toute leur place. Professeur des universités à Sciences Po-Paris, Bertrand Badie s'est imposé comme l'un des meilleurs experts en relations internationales. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages qui font référence, dont La Diplomatie de connivence, L'Impuissance de la puissance et La Fin des territoires. Il codirige L'État du monde depuis sept ans.