« J'ai cherché tout au long de mon enfance un véritable ami... » Cette amitié, marquée à l'origine par beaucoup d'innocence, d'enfantillage, d'orgueil... > Lire la suite
« J'ai cherché tout au long de mon enfance un véritable ami... » Cette amitié, marquée à l'origine par beaucoup d'innocence, d'enfantillage, d'orgueil et de littérature, c'est auprès d'une fille que le narrateur la trouvera. Élèves de la même classe au lycée de Sarrebruck, ayant tous deux la nostalgie de leur enfance méridionale, ils forment un couple de rêveurs, de meneurs, de brillants révoltés, d'êtres exceptionnels, croient-ils. Pas d'autre sentimentalité entre eux que, cette confiance, ce plaisir d'être ensemble, de fabriquer l'un pour l'autre un monde enchanté. En vacances dans les Pyrénées chez un oncle du jeune garçon, le mythe du « petit ami » est difficile à soutenir. La féminité de Sabine agace et déçoit son partenaire. A la rentrée, la vie les sépare. Ils se consoleront avec de longues lettres, toujours viriles et exaltées, qui nourrissent leurs rêves. Mais lorsqu'ils se retrouveront, Sabine sera une jeune fille, sensible à la séduction qu'elle peut exercer et prête à l'amour. Le camarade d'enfance, empêtré dans ses souvenirs, engourdi par le « philtre des rêveries qu'il avait été seul à boire », est supplanté par un danseur câlin et complimenteur. La rage au cour, l'ami d'enfance cède la place et remâche sa peine, jusqu'à ce que le mariage de Sabine vienne en quelque sorte le délivrer. Il y a, dans cette brève histoire, un parti pris de clairvoyance et d'honnêteté, qui, joint à une simplicité d'expression méritoire pour un sujet aussi exalté, en rend la lecture attachante. Et comment n'être pas bien disposé dès le début par la belle dédicace du livre : « A mes parents, qui m'ont donné le temps de l'enfance ? »