« Je pris la décision de foutre le camp un lundi de mars, alors que je flânais au cimetière de Vaugirard. Je circulais entre les tombes, mains en... > Lire la suite
« Je pris la décision de foutre le camp un lundi de mars, alors que je flânais au cimetière de Vaugirard. Je circulais entre les tombes, mains en poche, lorsque je lus une épitaphe épargnée par l'usure : « Si tu ne peux plus prier, marche ».
Prier, ça faisait des années que je n'en étais plus capable. J'avais perdu la foi. Dieu avait enchanté mon enfance, puis déserté, sans donner ses raisons.
Vingt ans, pensais-je, c'est l'âge des grandes aventures et des exploits physiques ! Je bouillonnais entre les murs de ma chambre de bonne, sentant mourir en moi le feu sacré de l'adolescence. Du haut de la montagne Sainte-Geneviève, je convoitais des sommets lointains. Partir à Jérusalem. Traverser l'Europe. Ce rêve était né dans le remugle d'une salle de classe. Il jaillissait à nouveau entre les murs d'un cimetière. Une pierre tombale m'avait soufflé l'idée. Il fallait partir. » S. A.