Les philosophes de l'existentialisme et de l'absurde ont apporté une contribution très importante à la description de la liberté humaine. Par des... > Lire la suite
Les philosophes de l'existentialisme et de l'absurde ont apporté une contribution très importante à la description de la liberté humaine. Par des voies différentes, ils ont montré ce que pouvait être le choix de la conscience chez des hommes ayant le souci de leur existence. Mais il semble, en définitive, qu'ils n'aient pas osé aller jusqu'au bout de ce qu'impliquait ce choix. La plupart d'entre eux, en effet, refusent au suicide ses lettres de noblesse et il en est même qui le condamnent purement et simplement au nom de cette liberté qu'ils ont pris tant de peine à fonder ontologiquement. En un style concis et rapide, l'auteur du présent essai montre avec pertinence que la plupart des raisons invoquées contre le suicide, quand elles ne sont pas spécieuses, reposent sur une erreur d'appréciation, soit du degré de conscience d'être de l'individu en situation de mourir, soit du rapport que tout existant entretient avec le néant qui le menace. Aussi a-t-il été amené à faire une distinction décisive entre les diverses sortes de suicides qui nient toute valeur à la vie et le suicide ascétique qui, tout au contraire, offre aux hommes la précieuse ressource de concevoir et raisonner leur mort en des termes qui prolongent et renouvellent l'antique volonté stoïcienne de maîtriser la violence faite à la conscience humaine par la nature. Dans toute la force de son expression, le suicide ascétique synthétise et acclimate les suicides philosophique et rationnel en leur donnant un fondement et un contenu éthiques qui répondent pleinement à l'évolution d'une prise de conscience générale toujours plus aiguë de notre condition humaine.