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Il est à la fois aisé et délicat d'explorer les nouvelles productions littéraires qui, au cours du XXe siècle, ont surgi dans les pays anciennement colonisés accédant peu à peu à une indépendance politique et culturelle. Les multiples oeuvres qui nous parviennent de ces ex colonies françaises et anglaises sont toutes marquées d'un double sceau : volonté de témoigner au plus vite de l'instant historique que représente cette levée de tutelle tant attendue mais, en même temps, recours aux formes occidentales de la création littéraire pour traduire les traumatismes découlant de la colonisation (et de son corollaire non moins douloureux, la décolonisation). Mais s'il est facile pour un critique européen de cerner dans le temps et dans l'espace ces phénomènes pourtant contradictoires de libération ardente et d'imitation obsessionnelle, il est par contre beaucoup plus difficile d'étudier les problèmes d'acculturation qui accompagnent cette implantation d'une culture étrangère (écrite) sur une tradition vernaculaire (orale). Ceci est particulièrement sensible en Afrique où les écrivains semblent adopter tout uniment les techniques d'expression européenne mais où, en fait, l'héritage culturel africain reste toujours en filigrane de la page écrite. L'exemple du roman est particulièrement révélateur en ce domaine car il nous amène à nous demander dans quelle mesure la tradition africaine enraye (ou au contraire étaye) les emprunts d'écriture occidentale.